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En 1901, deux tiers des foyers à Montréal jouissaient d’au moins une pièce par personne. Ils étaient majoritaires dans chacun des dix-huit quartiers de la ville.
Seuls les noms des chef.fes de foyer apparaissent sur le plan. Vous pouvez en faire des requêtes. Une sur huit fut une femme. Seulement un sur onze fut propriétaire de leur maison; le reste furent locataires. Le recensement n’énumère que les domestiques qui vivaient au foyer. Un nombre inconnu de gens, pour la plupart des femmes, aurait travaillé comme domestique tout en vivant ailleurs. Plusieurs foyers de la petite-bourgeoisie auraient employé des domestiques non résidents qui n’apparaissent pas sur le plan. Les énumérateurs, il n’y avait aucune énumératrice, demandaient combien chaque personne gagnait comme gages. Les chercheur.ses mormon.e.s, qui ont créé la banque de données initiale avec laquelle nous avons travaillé, ont combiné les réponses diverses afin d’établir le revenu du foyer. Des gens qui gagnaient des salaires, au lieu des gages, ou qui vivaient de leurs propres moyens n’avaient pas à répondre à cette question. Il y en a qui l’ont fait quand même. Le plus souvent, chez ces foyers aisés, le revenu ne représente que l’ensemble des gages versés aux domestiques résidants. Le gage médian d’un chef de foyer en 1900 était 500 $ par an ; afin d’établir sa valeur actuelle multipliée par cent vingt.
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Montréal fut une ville de locataires au tournant de 20e siècle, neuf foyers sur dix louaient leur résidence. Un quart de ces locataires avait une femme comme propriétaire. En matière du nombre et de leur valeur, 28% des propriétés montréalaises appartenaient aux femmes, alors que les 22 institutions dirigées par des femmes, sur les 206 en ville, furent propriétaires d’un tiers des 880 propriétés institutionnelles.
Ce plan interactif indique à qui appartenait la ville en 1903. Le nom et, si disponible, l’occupation de la propriétaire de tous sauf dix-sept des 29 951 propriétés de la ville sont fourni. Vous pouvez faire une requête par nom. Pour la plupart des propriétés occupées par leurs propriétaires, les évaluateurs (il n’y avait aucunne évaluatrice) ont noté leur occupation si c’était un homme et, parfois, celle de leur mari si c’était une femme. Ce plan donne aussi le loyer annuel et les évaluations municipales du terrain et des bâtiments. Si vous multipliez ces valeurs par 120, vous aurez leurs valeurs approximatives d’aujourd’hui. Les évaluateurs municipaux enregistraient un loyer même pour les bâtiments occupés par leurs propriétaires, et donc pour lesquels il n’y avait pas de loyer.
L’idée de mesurer le nombre de pièces par personne émerge du débat à la fin du 19e siècle concernant le surpeuplement chronique dans les grandes villes du monde nord-atlantique. Londres, Paris et New York alors possédaient tous des quartiers ayant en moyenne deux personnes par pièce. Vite, un consensus développe : la norme souhaitable doit être une personne par pièce. En 1897, le conseilleur municipal montréalais, Herbert Ames mène une enquête des conditions de vie des quartiers populaires de sud-ouest d’en bas du chemin de fer de la CPR jusqu’à la canale Lachine. Il publie les résultats comme The City Below the Hill. Ames considère le surpeuplement comme l’exception de la règle ; une position soutenue en 1901 par le premier recensement de prendre en note le nombre de pièces par foyer. Il révèle une moyenne montréalaise d’une personne par pièce.
La compréhension populaire du surpeuplement est toute autre. Deux facteurs expliquent cet appuis populaire d’une historiographie misérabiliste démodée des conditions de vie de la classe ouvrière au début du 20e siècle. D’abord, le monde pense que c’est encore le temps des grandes familles, alors que la taille familiale était déjà descendue à une médiane de cinq, d’un haut de sept au mi-siècle, et seulement une famille sur vingt comptait six enfants ou plus à la maison. Deuxièmement, la crise de logement des années trente et quarante a laissé une forte impression sur l’imaginaire populaire. Sur ce point, il y a une remarquable unanimité des témoignages d’histoire orale. De plus, il y a les fictions très évocatrices d’un Michel Tremblay ou d’un Mordecai Richler. Ainsi, on a une tendance de projeter cette image difficile sur un passé plus lointain, qui fut, au moins en ce qui concerne le surpeuplement, nettement meilleur.
Le détail remarquable de notre plan interactif constitue un correctif à cette image d’une classe ouvrière en lutte pour sa simple survie. La haute résolution du plan est le résultat du succès de notre jumelage des foyers du recensement avec notre cartographie des propriétés en 1903. (Voir notre vidéo des rapports entre propriétaires et locataires). Plusieurs personnes restaient alors dans les institutions ou des hôtels. Elles vivaient des situations si différentes des familles qu’elles ne sont pas incluses ici. Des 50 771 foyers retenus, il nous manque des données complètes sur 3 912. Les 46 859 qui nous restent témoignent d’une grande variété de situations.
La grande division sociale qui définissait Montréal au 19e siècle fut la côte qui traverse la ville, d’en bas de Dorchester (maintenant René Lévesque) dans l’ouest, à partir de la côte de Beaver Hall elle remonte juste en bas de la rue Sherbrooke à la rue Bleury. Partout dans la ville en haut de la côte, les foyers jouissant de beaucoup d’espace dominent. L’aire de confort au nord-ouest s’étend jusqu’au parc Lafontaine dans l’est. Malgré le fait que les foyers ayant des domestiques s’arrêtent avant la rue St-Urbain, et ne reprendre que le long des rues St-Denis et St-Hubert. Ce corridor bourgeois canadien-français n’avait des extensions limitées qu’au tour de Carré St-Louis et le long de la rue Cherrier.
Un foyer sur vingt-cinq avait plus que deux personnes par pièce. Ils sont répartis à travers les quartiers populaires. Il y a une absence complète de concentrations importantes. Légèrement plus qu’un quart des autres foyers ont moins d’une pièce par personne. Il y a des regroupements évidents le long de certaines rues et ils sont la majorité dans le nord de St-Gabriel, au sud de la gare du Grand Trunk dans le quartier St-Joseph, dans le ghetto ashkénaze en bas d’Ontario à St-Louis, le long de la côte entre Amherst (maintenant Atateken) et Papineau et ici et là à Hochelaga, Ste-Marie et St-Jean-Baptiste. Bien que leur présence marque d’une façon réelle le vécu des quartiers populaires montréalais, ils ne dominent aucun quartier.
Si vous voulez explorer davantage les questions reliées au logement, téléchargez notre application QGIS sur les Rapports propriétaires/locataires.
La propriété en Europe occidentale et dans ses colonies de peuplement a été genré, avec les régimes d’héritage traitant l’immeuble comme masculin et les meubles comme féminins. Cela faisait de bons sens dans un monde où normalement, au moment de leur mariage, les femmes quittaient leur foyer natal afin d’établir un nouveau foyer chez leur mari et où les immeubles et les meubles avaient une valeur comparable. Chez les classes populaires, cette parité approximative faisait en sorte que même si l’héritage était genré, elle n’était pas forcément inégale. Cette parité a été violemment rompue au 18e et au début du 19e siècle, avec une montée vertigineuse des valeurs immobilières et la chute des valeurs meublées. Cette perte de la position économique des femmes a modifié profondément l’économie politique du mariage. À Montréal, ce changement avait pour la plupart précédé et facilité l’industrialisation locale au milieu du 19e siècle. Ces changements dans les rapports de genres ont fait en sorte qu’en 1880 les femmes avaient quasiment disparu comme propriétaires des rôles d’évaluation municipaux. Alors, comment expliquer cette présence féminine remarquable à peine une génération plus tard?
À Montréal au début de 19e siècle, les élites économique et sociale, de pair avec l’église Catholique, détenaient la plupart de la propriété. Seulement deux des six quartiers populaires avaient une prépondérance de propriétaires locales. Au cours du deuxième quart du 19e siècle, ceci à changé d’une façon dramatique grâce au développement d’un marché immeublier moderne, caractérisé par la spéculation. La plupart de ces nouveaux propriétaires venaient des classes populaires et par le milieu du siècle les propriétaires locaux furent la norme dans tous les quartiers à l’extérieur du centreville.
L’investissement immeublier fut rentable dans une ville qui grandie rapidement. Un nombre limité de familles venant des classes populaires développe des stratégies d’investissement multigénérationnelles, qui avec le temps permit des portefeuilles importants dans diverses parties de la ville. Les mariages entre certaines de ces familles de rentiers donnent l’impression de planifications dynastiques. Un nombre encore plus important de familles des classes populaires et de la petite-bourgeoisie imites ces stratégèmes, même si elles restreignaient leurs placements à leur propres paroisse ou quartier.
Les pratiques d’héritage équitables, même si elles variaient selon le genre, favorisaient la distribution de propriété parmi les filles de ces familles de propriétaires. Ce transfert intergénérationnel pouvait se réaliser à travers la dot. Le régime de mariage par défaut au Québec fut la communauté de biens, où le mari administrait au nom du couple l’ensemble de leur propriété. Ainsi, les propriétés identifiées par la ville comme appartenant aux hommes appartenait souvent aux hommes mariés en communauté, et donc en droit ces propriétés furent détenues conjointement par ces hommes avec leurs épouses, bien que la ville en traitant ces hommes mariés n'identifiait jamais leurs épouses. Une femme mariée jouissait d’un droit de véto concernant sa «propre» propriété, qu’elle avait amené à la communauté ou qu’elle a reçu en héritage, ce qui explique pourquoi par 1903 son mari, qui gère la communauté, fut indentifié. Plus tôt la ville n'incluait pas les propriétés propres aux femmes mariées, ainsi il n'y avait que 217 femmes mariées sur le rôle de 1880. Lors de décès de son mari, une veuve reprendre tous ces droits de propriétés.
Vu l’importance de la propriété dans les stratégies d’accumulation familiales, le cycle de vie comptait pour beaucoup. En 1903, 521 femmes non mariées détenaient 958 propriétés, 1 479 femmes mariées détenaient 2 717, 1 298 veuves détenaient 2 680, alors qu’à peine 108 successions de femmes détenaient 231. Les successions de femmes ne dénombraient qu’une cinquième et ne détenaient qu’une dixième de propriétés des successions d’hommes. Ces sous-représentations soulignent à la fois la nature récente de la présence féminine comme propriétaire et la nature fortement patriarcale des structures familiales. Beaucoup plus d’hommes détenaient des portefeuilles si importants qu’ils valaient la peine de les muter en succession au lieu de distribuer les propriétés entre les héritiers et les héritières
Seul l’état civil des femmes affectait leur droit de vote. On ne pouvait voté qui si on possédait suffisamment de propriétés ou qu’on payait un loyer élevé. Toutes les femmes furent niées leur droit de vote au niveau municipal en 1832, mais les femmes non mariées et les veuves l’ont gagné au cours des années 1870s. Elles n’avaient pas pour autant le droit de se présenter comme candidate d’office. Fréquemment sur le rôle d’évaluation, les femmes non mariées se sont vu donner une occupation de «filles majeures» à cause de ces règlements. Les femmes mariées n’avaient pas le droit de vote. Un mari d’une femme propriétaire jouissait d’un droit de vote grâce aux propriétés de sa femme et si ces propriétés étaient suffisamment importantes, leur fils aussi pouvaient voté. Ce transfer de la droit de vote fut important car seulement un mari sur six des épouses propriétaires fut eux-mêmes propriétaire. Ces femmes propriétaires ne reçoivent le droit de vote qu’avec l’élimination des qualifications de propriété en 1963.
Si vous voulez explorer davantage les questions reliées à la condition féminine, regardez les vidéo de nos communications récentes et téléchargez notre application QGIS À qui appartient Montréal en 1903.